Le Steam Deck

Ça y est, le Steam Deck est disponible, et je trouve que c’est un super produit (sur le papier, tout du moins). J’écris donc ce petit article pour tenter comme à mon habitude de me faire l’avocat du diable, de prendre du recul, et de présenter mes arguments en faveur du Steam Deck qui ne semblent pas être très discutés ailleurs. Une très bonne vidéo sur l’appareil est celle de Dave2D que je vous recommande vivement ! La vidéo de LTT est également intéressante et positive malgré son titre qui semble annoncer une déception.
Je n’ai rien à vendre, mais j’aime la technologie, j’aime l’innovation, et j’aime quand on prend des risques. Voici donc mon humble avis sur cet appareil.

Valve et le Hardware

On connaît Valve pour ses jeux iconiques (Team Fortress 2 et Portal à jamais dans mon ❤️) et sa plateforme de vente de jeux vidéo (plus tout le côté social) dématérialisée Steam.
Audacieux dans les jeux vidéo qu’ils conçoivent, ils ont également voulu l’être dans leurs conceptions de matériel électronique. On ne pourra jamais leur reprocher le fait qu’ils aient pris des risques dans toutes leurs créations, avec des objets qui ont souvent floppés mais pour moi à cause d’une seule raison : ils ciblaient une niche (notamment les joueurs PC qui s’intéressent aux avantages des consoles). Tout le monde testait les produits à travers leurs yeux, sans imaginer les vrais usages et les personnes à qui ça pourrait être réellement utile. Les utilisateurs pour qui étaient faits ces produits les ont généralement adorés. Ce sentiment arrive souvent avec des projets un peu originaux ou innovants, comme la Ouya à l’époque ou plus récemment la Citroën Ami, et ce n’est pas étonnant, la majorité se fait souvent plus entendre que la minorité lorsque cette première est mécontente.

Le Steam Controller et le Steam Link, de beaux produits, bien finis et innovants

Pour le petit récapitulatif de ce que Valve a tenté :

  • Les Steam Machines, des PC sous SteamOS (Linux) pensés pour être utilisés comme des consoles de salon. Ça a vite floppé (l’émulation Windows était moins avancée à l’époque, et le support Linux très faible, ce qui n’a pas aidé).

  • Le Steam Link, un appareil permettant de streamer/caster l’écran de son PC sur sa télé par le réseau, permettant ainsi de faire du couch gaming ou des jeux en coopération locale (Overcooked, Towerfall, Toto Temple… j’adore ces jeux !) dans son canapé en utilisant les ressources de son ordinateur sans grand surcoût et sans latence perceptible. L’appareil pourrait être un poil plus agréable à utiliser niveau interface et vitesse de connexion au PC, mais c’est du chipotage : ça fonctionne bien et c’est pratique. Ça a floppé car probablement trop de niche, j’en ai fait l’acquisition lorsqu’ils vidaient les stocks et les vendaient à 15 €, c’est un bon produit.

  • Le Steam Controller, une manette toute ronde (et très ergonomique, on y retrouve un sentiment similaire aux manettes de Ouya, ça tombe bien dans les mains) avec un gyroscope intégré (à l’époque c’était cool, et j’adorais ça pour jouer à DiRT Rally avant d’acheter un volant) et deux trackpads, notamment celui de droite qui remplace le joystick habituellement utilisé sur les autres manettes. Les pads sont vraiment un excellent concept pour les gens qui, comme moi, sont nés avec un clavier et une souris et non une manette : diriger une caméra 3D de manière précise à la manette est un CAUCHEMAR, et je prends très peu de plaisir à jouer à un FPS ou TPS qui demande de la précision à la manette à cause de ça. Les pads avec retour haptique, c’est le mix parfait entre une souris et un joystick, j’arrive à être relativement précis et c’est bien plus agréable (un peu comme le fait qu’un Magic Trackpad soit bien plus agréable qu’une souris pour une utilisation quotidienne/bureautique sur un ordinateur, oui, c’est vrai). Les possibilités de configuration de la manette sur Steam sont ÉNORMES, et c’est là aussi ce qui a compliqué la démocratisation de la manette : les commandes doivent être adaptées aux jeux, alors que d’habitude ce sont les jeux qui s’adaptent aux commandes (usuelles) des manettes, ce qui en fait un objet de bricoleur qui aimera passer du temps à bricoler ses réglages.

  • Le Valve Index, un casque VR qui malgré son prix assez élevé (plus de 1 000 € pour le pack de base), est probablement le produit Valve ayant le mieux marché. C’était un très bon casque, mais depuis le Quest, et surtout le Quest 2, je trouve qu’il s’est fait un peu dépasser (comme tous les autres casques par ailleurs).

Le Steam Deck

Valve revient aujourd’hui sur son marché d’origine : le jeu vidéo 2D, sur console. Point de Steam Machine cette fois, mais un appareil portable qui s’apparente à une Switch, sans pour autant pouvoir s’y comparer directement.

Le Steam Deck, wouaw !

On a donc ici un gros pavé noir avec toutes les commandes que l’on pourrait espérer avoir : deux joysticks, un pavé directionnel, quatre boutons de façade, deux trackpads avec retour haptique (youpi ! ❤️), quatre gâchettes à l’arrière et quatre gâchettes au dos (encore youpi !).

Le prix & Les jeux

420 € pour 64 Go, 550 € pour 256 Go, 679 € pour 512 Go.
On est sur un prix conséquent, mais toujours 2 à 3× inférieur au prix des produits concurrents, avec une puissance globalement supérieure, une meilleure plateforme ouverte, une meilleure construction, un meilleur système de dissipation thermique, une meilleure réparabilité (Valve a quand même fait une vidéo sur comment démonter le Steam Deck et y changer des composants, qui fait ça en 2022 ?!), etc.
Ensuite, on imagine la cible, à savoir un joueur PC comme moi, qui possède à l’heure de l’écriture de cet article une bibliothèque Steam de 700 jeux tout pile. J’achète un Steam Deck et PAF, je retrouve la majorité de mes jeux sans coût supplémentaire, avec des sauvegardes synchronisées, et du multijoueur sans abonnement (oui, ça existe encore en 2022, sur la Switch notamment).

Mon profil Steam

D’après SteamDB, mon compte Steam vaudrait entre 2 548 € (en additionnant les prix les plus bas qui ont été mis sur la boutique Steam) et 8 771 € (en additionnant les prix actuels des jeux au 28/02/2022, avec les éventuelles promotions en cours), j’ai donc une grande majorité de jeux payants. Aussi, j’avais fait les comptes il y a quelques années, et tous ces jeux m’ont coûté entre 300 et 500 €, merci les promotions, mais surtout les Humble Bundle qui me régalent (et que je régale par mon argent) depuis des années : rien qu’un an de Humble Choice à 5 €/mois m’a permis d’obtenir 144 jeux de qualité pour 60 €, soit le prix d’UN SEUL jeu Switch récent. Les gens adorent comparer le Steam Deck à la Switch car le format est semblable bien que la cible soit très différente, mais pour aller dans ce sens, j’aurais une Switch (270 € sur Amazon) et 5 à 6 jeux pour le prix de mon Steam Deck 256 Go et ses centaines de jeux compatibles (que j’ai de toute façon déjà achetés puisque j’y joue sur PC ! Donc je ne peux pas vraiment prendre en compte leur prix dans l’achat d’un Steam Deck).

Mon compte Steam sur SteamDB Calculator

Et tout ça c’est sans parler du fait que le Steam Deck est une plateforme ouverte, sur laquelle il est possible (et encouragé par Valve) d’installer d’autres systèmes (Windows par exemple) et d’autres lanceurs, donc à moi tous les jeux Epic Games que l’on m’offre toutes les semaines (plus de 200 jeux dans ma bibliothèque aujourd’hui), les jeux GoG, les jeux itch.io (rien que le bundle pour la Justice Raciale et l’Égalité permettait d’obtenir des centaines de jeux dont beaucoup d’indépendants), le cloud gaming, l’émulation, les fantasy console à la Pico-8… Il y aura peut-être besoin d’adapter les commandes, mais on arrivera à faire fonctionner la majorité des jeux (relativement à la puissance disponible) et je suis certain que la communauté sera présente, comme elle l’a été pour le Steam Controller.
Tout ça, c’est bien beau, mais tous les jeux ne sont pas compatibles, même au sein de Steam. Les chiffres donnés ci-dessus sont donc complètement galvaudés, mais permettent d’avoir une idée du marché et des bibliothèques des utilisateurs. Valve valide petit à petit les jeux et leur attribue un niveau de jouabilité : compatible (fonctionne parfaitement), jouable (fonctionne, mais nécessite peut-être une configuration supplémentaire, ils parlent principalement des contrôles), non supporté et non vérifié (pour l’instant). Valve a mis en ligne une page il y a quelques jours permettant de vérifier la compatibilité de ses jeux avec le Steam Deck.

Compatibilité de ma bibliothèque Steam avec le Steam Deck

C’est sympa, mais le plus intéressant est CheckMyDeck, qui donne la date de vérification des jeux et le pourcentage de jeux jouables. Actuellement, 18 % de ma bibliothèque est jouable (dont 11,5 % complètement compatibles), et le pourcentage augmente quotidiennement. La plupart des jeux incompatibles sont des jeux en réalité virtuelle, c’est donc totalement normal. Le petit reste (Surviving Mars, PICO PARK, Outlast…) est probablement développé d’une manière un peu différente et pourra sûrement être rendu compatible par une future mise à jour du jeu ou des drivers.

Ma bibliothèque Steam sur CheckMyDeck

Ce site rassemble tous les jeux testés sur le Steam Deck et informe des éventuels soucis que l’on peut notamment rencontrer sur les jeux « jouables » (comme prévu, ce sont principalement des problèmes de contrôles, par exemple le jeu affiche des icônes de souris, clavier ou manette au lieu des icônes du Steam Deck, rien de grave).
Pour info, SteamOS 3.0, le système du Steam Deck, est basé sur Arch Linux, mais arrive a faire fonctionner moult jeux Windows grâce au moteur d’émulation de Valve nommé Proton, qui fonctionne étonnement bien et qui est en constant développement. Dernièrement, il semblerait que de plus en plus de jeux, moteurs (Unity, Unreal Engine…) et outils de développement (Vulkan…) s’intéressent aux plateformes différentes de Windows, soit pour gagner en indépendance, soit pour attaquer les marchés mobiles, etc. On peut donc espérer voir de plus en plus de jeux compatibles nativement avec Linux à l’avenir, et donc des optimisations et une liberté encore meilleures.

Le Stockage

On trouve le Steam Deck dans 3 configurations différentes, 64 (NAND), 256 ou 512 Go (NVMe). Je pense qu’un bon point de départ est le modèle 256 Go, les jeux pèsent assez lourd aujourd’hui surtout si on souhaite jouer à quelques AAA ou même FPS comme PUBG ou Apex. Tous les modèles ont quand même un emplacement de microSD qui d’après les tests ne réduit pas les performances (sur les temps de chargement des jeux par exemple) par rapport au SSD, bonne nouvelle ! Le Steam Deck supporte ainsi les cartes SDXC qui peuvent atteindre une capacité de 2 To. En pratique, on ne trouve pour l’instant que des microSD de 1 To max, comme cette SanDisk Extreme. À de meilleurs rapports capacité/prix, on trouve par exemple cette SanDisk Ultra 512 Go à 70 €, pas si mal et on peut toujours en avoir et en transporter plusieurs facilement si besoin.
On a également accès au cloud gaming, notamment avec Steam Remote Play nativement implémenté qui permet de streamer des jeux depuis son PC personnel, parfait en réseau local ou si l’on possède une bonne connexion fibrée. Par la suite, il sera probablement possible d’utiliser des services tiers tel que NVIDIA GeForce Now qui fonctionnent eux aussi de mieux en mieux.

L’Autonomie

Tout le monde parle d’une autonomie allant de 1h30 à 2h, et le site officiel annonce de 2h à 8h d’autonomie. En effet, 2h ce n’est pas très long, mais c’est ce que l’on obtient avec un jeu 3D AAA qui pompe beaucoup, hors ce n’est pas la majorité des jeux. Je me vois personnellement très bien jouer sur un Steam Deck à des jeux indés comme The Binding of Isaac, Faster Than Light, Into The Breach, Hollow Knight, etc. qui eux permettront évidemment d’obtenir des heures supplémentaires d’autonomie. Bon, l’excuse de « il suffit de jouer à des jeux moins gourmands offre une meilleure autonomie » n’est pas vraiment recevable, ça dépendra des utilisateurs et des styles de jeux bien entendu, et j’espère que la prochaine version permettra d’obtenir une meilleure autonomie (les chiffres réels ne sont pas tant éloignés que ça d’une Switch, ça reste donc plutôt correct).
Autrement, je trouve que 2h n’est pas si ridicule pour une session de jeu, si bien sûr on a la possibilité de brancher la console entre deux sessions. Une batterie externe classique de 40 Wh permettra ainsi de doubler l’autonomie pour une quinzaine d’euros. Certes, c’est peu pratique, mais c’est une solution et Valve a bien pensé à mettre le port USB-C sur le haut de la console et non le bas, permettant ainsi de continuer à l’utiliser sans gêne pendant la charge.

L’Encombrement & Le Poids

Avec ses 670 g, le Steam Deck est une belle bête. Ce format se justifie par la puissance qu’offre la console, son autonomie, son nombre important de contrôles et surtout son ergonomie. Beaucoup d’utilisateurs de Switch se sentent un peu « crispés » en l’utilisant : les joysticks sont plus petits, les JoyCon tout plats… Les premiers retours sur l’ergonomie du Steam Deck sont très bons, et le format ne semble pas être un frein une fois l’habitude prise, il sera peut-être compliqué d’y jouer à bout de bras, mais si on a un support devant soi, ça ne devrait pas être un problème. Les joysticks d’une taille confortable seront peut-être moins sujets au drift (dérive) que ceux des Joycon. La prise USB-C au-dessus permet également d’utiliser facilement la console en la branchant, contrairement aux appareils similaires qui mettent la prise en bas pour une raison inconnue.

Ce qu’il manque

Je ne vois pas beaucoup de défauts pour le moment, il me manque encore une expérience avec le produit en main. Je pense cependant qu’une bonne évolution serait de réduire la taille des bordures de l’écran, sans forcément rendre l’écran plus grand (car 7" en 16:10 semble déjà pas mal, c’est la diagonale d’écran d’un iPad Mini), donc si possible en réduisant plutôt la longueur et largeur de la console.

Il n’y a plus qu’à attendre que plus de jeux soient compatibles, ceux-ci m’intéressant particulièrement :

  • Apex Legends (utilise Easy Anti-Cheat)
  • Rocket League (utilise Easy Anti-Cheat et n’est malheureusement plus disponible sur Steam)
  • Dead by Daylight (utilise Easy Anti-Cheat)
  • Des jeux de course comme DiRT 5, DiRT Rally 2.0, Assetto Corsa…
    Valve a annoncé il y a quelques mois qu’ils travaillaient sur le support d’Easy Anti-Cheat avec Proton, il n’est donc pas impossible de voir ces jeux devenir compatibles dans quelque temps.

Conclusion

Le Steam Deck a vraiment l’air d’être un excellent produit ! Je suis assez hypé par le concept original (voire même innovant), j’aime voir de nouveaux produits et une telle prise de risque. Je ne sais pas encore si j’en achèterai un (je ne pense pas jouer assez pour ça, mais j’imagine en avoir un pour emporter en vacances, chez des amis, et même dans mon lit et ça donne envie !), mais j’espère vraiment que le produit va fonctionner pour Valve, car c’est encore un super hardware, qui cette fois pourrait peut-être toucher un peu plus de personnes que leurs précédentes tentatives. Bravo Valve, et merci !